L’agriculture : un sésame pour la jeunesse gabonaise
Remise d'attestations de formation agricole à 70 jeunes défavorisés sur le site du village graine de Bolokoboué.
La Coordonnatrice du Système des Nations Unies Savina Ammassari s’est rendue, le 07 octobre dernier, sur le site du centre de formation agricole du village graine de Bolokoboué accompagné du Coordinateur Sous- Régional pour l’Afrique Centrale de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et du Représentant Pays du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). La cérémonie avait pour objectif de distribuer des attestations de formation à 70 jeunes -dont 65% sont des femmes- formés dans le cadre de l’incubateur agricole soutenu par le PNUD et la FAO pour devenir des futurs agroentrepreneurs.
C’est dans le cadre d’une « extension du Programme Famille Verte » que la FAO et le PNUD ont conduit ce projet d’incubateur agricole sur le site du centre de formation du village graine Bolokoboué. Ils ont constaté avec satisfaction que ce projet a eu, en peu de temps, un impact majeur sur des jeunes défavorisés, leurs familles et leurs communautés. Il a pu fournir une formation, des compétences et une activité génératrice de revenu à des jeunes ayant déjà des familles pour la plupart. Il a également permis à des familles de réduire leur dépendance vis-à-vis des marchés locaux impactés par la fermeture des frontières en période de pandémie.
Un couple de jeunes va particulièrement s’illustrer comme un modèle de réussite dans ce projet. C’est l’histoire de Frédéric et de Melissa, deux jeunes de 17 et 21 ans déscolarisés et au chômage, parents d’un enfant, dont l’avenir était plutôt incertain avant leur rencontre avec Hervé OMVA fondateur de IDRC Africa, une ONG qui a pour objectif de valoriser l’acquis à travers le développement durable, l’éducation et la santé. Hervé va proposer à Frédéric de rejoindre son centre de formation et d’y travailler afin d’être formé en élevage et maraichage moyennant une rémunération le temps de sa formation. A ce moment-là, le centre de formation du village graine de Bolokoboué fait face aux contraintes liées à la pandémie de COVID-19 et les mesures gouvernementales mises en place pour freiner la propagation du virus. C’est ainsi qu’avec l’aide des semences distribués par la FAO, Hervé parvient à inscrire dans son centre 585 jeunes entre 17 et 34 ans, issus des quartiers les plus défavorisés de Libreville. Il leur propose alors de payer la modique somme de 10 000 FCFA (soit 17 USD) pour bénéficier de 3 mois de formation. Le site de formation étant très éloigné de la ville, il va leur permettre de le rejoindre en négociant un forfait avec une compagnie de transport publique.
Fréderic, qui touchait son premier salaire parvint petit à petit à subvenir aux besoins de sa petite famille et va même encourager sa petite amie Melissa, 17 ans, à s’inscrire au programme d’incubation porté par la FAO et le PNUD. Elle va d’ailleurs faire partie des 70 jeunes qui ont reçu leurs attestations de formation des mains du Coordonnateur Sous-Régional pour l'Afrique Centrale de la FAO. Gagnant à eux deux environ 200 000 FCFA au total (environ 354 USD) par mois, Frédéric et Melissa se sont entièrement consacrés à l’agriculture et arrivent aujourd’hui à vivre décemment et à nourrir leur enfant de 7 mois. Actuellement ils sont encadrés par l’incubateur agricole pour mettre sur pied leur projet dans la production de légumes et plus particulièrement la laitue, le céleri et le persil. Ils ont également pu bénéficier de l’ouverture d’un compte dans une agence de microfinance et sont actuellement bancarisés.
A ce jour, le Centre de Formation du Village Graine de Bolokoboué produit environ 1,2 tonnes d’aubergines vertes. Grâce à ces récoltes de tomates, laitues, piments, herbes, le centre engendre un revenu de 2 000 000 par mois (environ 3500 USD) qui lui permet de subvenir à ses charges quotidiennes, de sortir les jeunes de l’oisiveté et de les mettre sur la voie de l’autonomisation pour atteindre l’objectif « FAIM ZERO » à l’horizon 2030. La Coordonnatrice du Système des Nations Unies impressionnée par le potentiel de ces jeunes gabonais a d’ailleurs déclaré lors de sa visite : « Cette initiative est magnifique car au-delà de trouver des sources de revenus elle permet également à ces jeunes de nourrir sainement leurs familles et de se mobiliser pour atteindre l’objectif de consommer Made in Gabon. » Selon Hervé le projet suscite énormément de vocations chez les jeunes qui sont de plus en plus demandeurs d’accéder à ces formations. Le site prévoit d’ailleurs, d’accueillir dans les prochains mois une formation destinée à la pisciculture qui sera dispensé à 20 jeunes par la FAO.
Rappelons que le pays dépend encore beaucoup des exportations et tente actuellement de réduire sa dépendance au pétrole à travers le Plan d’Accélération de la Transformation (PAT) porté par le Gouvernement. Le Système des Nations Unies accompagne d’ailleurs le Gouvernement dans cette diversification économique à travers le programme conjoint du Cadre National de Financement Intégré (INFF) vert et rose qui a pour objectif de financer une transition rapide et durable d’une économie brune à une économie verte avec une dimension rose.